Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Violences éducatives ordinaires : après la crise du covid, « il est urgent d’aller plus loin, plus vite », estime adrien taquet

21-06-2020

Moins de 3 ans après la campagne « Les mots qui font mal », l’association STOP-VEO présente sa nouvelle campagne de sensibilisation aux violences éducatives ordinaires (VEO) « Les mots que je ne te dirais pas… », déclinée en deux formats vidéos (1 et 3 minutes) pour le moins intenses en émotions.

Fessées, gifles, mais aussi mots blessants, phrases humiliantes, chantage affectif... ; les violences éducatives ordinaires demeurent un fléau dans la société française. Pour le Dr Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les VEO pour l’association, si la loi contre les violences éducatives promulguée le 11 juillet 2019 est nécessaire et indispensable pour faire cesser toutes les violences envers les enfants, elle n’est cependant pas suffisante. « Les habitudes persistent dans les foyers, tout comme la tolérance de la société envers ces violences », fait-il remarquer.

Pourtant, ces gestes, ces paroles ont bel et bien des effets néfastes et délétères sur la santé et le développement des enfants, mais également sur l’adulte qu’il sera demain. « On a tous à gagner à faire le choix d’une éducation sans violences », souligne le médecin. « C’est par les mots, par le temps, par une prise de recul, par le fait de penser, de se remémorer, que l’on peut s’empêcher d’avoir de tels agissements envers son enfant, des agissements que l’on s’empêche envers les adultes », ajoute-t-il. Et s’il reconnaît que le processus est long, il insiste également sur la nécessité d’accompagner ce changement. « Il ne faut pas que les parents aient le sentiment d’une remise en cause de leur mode d’éducation ; il faut les aider, les accompagner, et l’association STOP-VEO notamment est là pour cela », insiste-t-il.

Confinement et violences éducatives

Pour Adrien Taquet, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, la crise du Covid a mis un peu plus en lumière la question des violences éducatives : « Nous avions de grandes inquiétudes avec le confinement et avec la fermeture des écoles car c’est souvent là que ces violences sont détectées », précise-t-il. « Nous avons donc mis en place des mesures pour faire en sorte que chacun d’entre nous devienne la vigie de la sécurité de nos enfants et je crois que nous sommes parvenus à sensibiliser les Français à ce qui peut se passer derrière la paroi, dans l’appartement d’à côté ». Les appels au 119, la ligne téléphonique dédiée à l’enfance en danger, ont en effet connu une hausse de 35 % pendant le confinement avec une augmentation de 100 % des appels provenant du voisinage et de 80 % des appels venant des amis des enfants. « Nous sommes en train d’instaurer une société de vigilance, et j’en assume parfaitement le terme, qui fait que nous sommes chacun d’entre nous un peu dépositaires de la sécurité des enfants », ajoute-t-il.

Mais la puissance publique a également toute légitimité à s’intéresser à la question des violences éducatives, s’agissant des personnes les plus vulnérables au sein de la société, estime Adrien Taquet. « Il faut que nous ancrions la question des VEO dans les politiques publiques que nous menons, que nous l’inscrivions dans un cadre plus large qui est celui des violences, et dans un second cadre, celui de l’accompagnement à la parentalité », précise-t-il. En novembre dernier, le gouvernement a présenté un plan de lutte contre les violences faites aux enfants, « dont la plupart des mesures commencent à être mises en œuvre », rappelle l’ancien député. Quant au projet des « 1 000 premiers jours de l’enfant », il s’inscrit pleinement dans une optique d’accompagnement à la parentalité. « Avec ce projet, nous souhaitons basculer d’un accompagnement à la grossesse très sanitaire à un accompagnement plus psychosocial, où la notion d’éducation bienveillante doit trouver sa place », ajoute-t-il.

Pour Adrien taquet, la crise du Covid a montré l’urgence de capitaliser sur ce qui a été mis en place pendant le confinement mais également « d’aller plus loin, plus vite encore dans la lutte contre ces violences ». Et le secrétaire d’État d’annoncer, pour la rentrée, un grand rendez-vous autour de la question des violences, « où la question des violences éducatives ordinaires aura toute sa place », conclut-il.

Stéphany Mocquery

Source : PAR STÉPHANY MOCQUERY - PUBLIÉ LE 29/05/2020