Quel avenir pour le cnpe ?
22-12-2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Le Conseil national de la protection de l’enfance, créé en 2016 pour appuyer la gouvernance de la protection de l’enfance, est en sursis.
Des membres renouvelés seulement pour un an, une vice-présidente (Michèle Créoff) non reconduite à son poste et une secrétaire générale (Marie Derain) qui laisse le sien vacant : le CNPE pourrait ressembler en 2020 à une coquille vide.
Créée par la dernière loi réformant la protection de l’enfance du 14 mars 2016, cette instance censée renforcer la gouvernance du secteur devait être renouvelée pour trois ans en novembre. Mais le gouvernement, souhaitant réformer une gouvernance toujours « insuffisante » et éparpillée, a limité son renouvellement à un an.
FUSION D’ORGANISMES
Dans sa stratégie présentée le 14 octobre 2019 le secrétaire d’État Adrien Taquet estimait que le CNPE, le Groupement d’intérêt public enfance en danger (GIPED) et l’Agence française de l’adoption (APA) devaient « pouvoir être rapprochés, comme le projet existe depuis de nombreuses années, afin de permettre un renforcement de leur capacité d’action et répondre aux besoins : diffusion des bonnes pratiques, appui aux départements, recherche, recueil et analyse de données ». La stratégie annonçait l’amorce d’une réflexion en ce sens en 2020, qui commencera par la remise d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la gouvernance de la protection de l’enfance.
MOTION DU CNPE
En 2020 donc, le fonctionnement du CNPE sera réduit à sa portion congrue, avec seulement trois séances plénières et trois séances du bureau au programme. Une motion des membres du CNPE, approuvée par une majorité de votants le 26 novembre, demande le maintien des fonctions de vice-présidence et de secrétariat général, de l’activité des commissions et de l’affectation de moyens suffisants pour le fonctionnement. Autres souhaits majeurs : que le CNPE soit « l’acteur principal » de la réforme de la gouvernance et qu’il « garde sa liberté de parole, son autonomie et de construction du dialogue ».
RÉACTION DE L’UFNAFAAM
Au sein du CNPE, les assistants familiaux sont représentés par l’UFNAFAAM. « Le CNPE a effectué un travail très important avec très peu de budget de fonctionnement, souligne Laurent Ningres, représentant de l’UFNAFAAM. En lançant sa stratégie de protection de l’enfance en parallèle de ses travaux, le gouvernement l’a complètement marginalisé. Le CNPE a été auditionné mais pas associé ».
L’instance avait parallèlement été secouée à l’interne par des divisions, notamment entre l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (ONES) et la vice-présidente du CNPE Michèle Créoff, à la suite de la parution de son livre Le massacre de innocents, écrit avec la journaliste Catherine Laborde. En outre, les prises de position critiques de Michèle Créoff sur l’action gouvernementale dans le champ de la protection de l’enfance « n’ont clairement pas été appréciées par le gouvernement » poursuit Laurent Ningres.
PLACE DE L’ACCUEIL FAMILIAL
« Ce qui est regrettable, c’est que la transmission des avis émis par le CNPE se soient faits dans l’ombre, faute de moyens mis sur la communication. Sur les assistants familiaux, le CNPE ne s’est pas spécialement saisi de la perte de vitesse de la profession, comme il a pu le faire sur la commission santé qui a produit un travail conséquent. Je l’ai un peu regretté, mais il a toutefois produit un avis sur l’avenir de l’accueil familial. J’ai proposé de créer un groupe de travail spécifique et je vais le proposer de nouveau l’année prochaine ». La première séance du bureau du CNPE est fixée au 13 janvier.