“on est comme une famille” : dans le limousin, des enfants placés font revivre un village
08-04-2025
Par Cécile Bidault, journaliste à Radio France⸱ Publié le mardi 25 mars 2025 à 07:13
En France, 400 000 jeunes relèvent de l'aide sociale à l'enfance. Un système à bout de souffle, qui vient de faire l'objet d'une commission d'enquête parlementaire. Sur le plateau de Millevaches, une association prend en charge une dizaine d'enfants, qui cohabitent avec les seniors du village.
Après plusieurs drames qui ont mis en lumière la situation des enfants placés en France, la commission d'enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques de protection de l'enfance va rendre son rapport. Il sera voté le 1er avril, publié une semaine plus tard. En France, 400 000 enfants et adolescents font aujourd'hui l'objet de mesures de protection, et ils sont parfois ballottés de foyers en famille d'accueil.
Dans le Limousin, il existe une structure unique en France. Intergénérationnelle et à taille humaine, elle accueille des enfants et des ados sur le temps long, à Bonnefond, un petit village de 100 habitants du plateau de Millevaches. L'association Live (Lieu intergénérationnel de vie ensemble) s'y est installée en 2019. Elle a acheté trois maisons, la principale qui a vocation à héberger des seniors, une où vivent des enfants de 6 à 13 ans, et une pour les plus grands. Tout ce petit monde veille les uns sur les autres.
Naïma, 13 ans, dont huit dans des foyers, parle sans ambiguïté des violences qu'elle a subies et commises : "On était des vrais petits délinquants. On brûlait, on cassait tout. A 6-7 ans, je répondais aux éducateurs, je leur crachais dessus. Alors qu'ici, je respecte, je grandis." Sept travailleurs sociaux se relaient pour encadrer la dizaine de jeunes actuellement accueillis, et qui vivent sans téléphone portable. Grâce à la présence de ces enfants et adolescents, le village de Bonnefond revit : "Ce sont nos jeunes, nos enfants, ils sont très bien élevés", note Robert.
L'association Live est convaincue que ce genre de petites structures est l'une des clés pour améliorer l'accueil des enfants placés. "Le système classique ne fonctionne plus", constate Florence Saint Marcoux, la co-directrice, "on oriente trop les enfants par défaut. Sur les petites unités, on est au cœur du projet pour l'enfant."