“il y a plein de vie partout” : à 50 ans, ce couple change de vie pour devenir famille d'accueil"
17-06-2025
Face à l'explosion du nombre de placements, le département de la Haute-Vienne a lancé une campagne de communication pour recruter davantage d'assistants familiaux. Marion et Benito Cuadrado ont décidé de sauter le pas il y a un an. Nous les avons rencontrés dans leur domicile à Chéronnac (Haute-Vienne).
Depuis un an, le domicile des Cuadrado se réveille à nouveau au rythme des enfants. Tous les matins avant l’école, Benito prend le temps d'habiller et de coiffer les tout petits. Des gestes naturels pour ce père de trois enfants : “Ça me rappelle un peu quand on faisait ça avec les nôtres, même si c’est différent.”
Avec son épouse Marion, ils ont choisi de devenir famille d’accueil l’an dernier. Un changement de vie radical pour ce couple, à presque 50 ans : lui était musicien professionnel et elle, infirmière. “Nos enfants à nous, nos trois garçons sont partis, ont pris leur envol, donc on avait cette disponibilité", raconte Marion.
Un cadre familial
Famille d’accueil, c’est le terme générique. Le vrai nom de leur métier, c’est assistant familial. “On est là pour apporter aux enfants un cadre sécurisant, de l’affection, les accompagner dans leur vie au quotidien, pour leur apporter un cadre familial", explique Benito. "On ne se substitue pas à leur famille, ce n’est pas le terme adapté.”
Sarah*, 10 ans, a emménagé ici en mars. “La famille d’accueil est super bien, même si je préférerais être chez moi. Mais ici ça fait du bien.” Avant d’être chez les Cuadrado, elle vivait en foyer à Limoges. Ici, son quotidien ressemble davantage à celui d’une fille de son âge : “Je fais du cirque. On fait des pique-niques. Samedi, il y a parfois les fils de tonton et tata qui viennent à la maison.”
“Tonton”, “tata”, c’est par ces surnoms affectueux que les enfants désignent leur famille d’accueil. “C’est plus facile pour les enfants d’utiliser ce type de petit nom. Ça s’est mis en place automatiquement.”
Cinq enfants, tous issus de familles différentes, vivent chez les Cuadrado. Le plus jeune a seulement quatorze mois. Un âge où il faut encore donner le biberon et changer les couches.
“C’est vivant, il y en a partout, les uns s’occupent des autres, les autres s’occupent des uns. Ça partage, ça échange et puis ça permet de faire des choses différentes", s'enthousiasme Benito, visiblement épanoui. "C’est une organisation, mais à deux, ça se passe très bien. On se relaie, c’est carrément du travail d’équipe !”
“24 heures sur 24”
Pour devenir famille d’accueil, les Cuadrado ont dû obtenir un agrément délivré par le département. Entretien avec des psychologues, visites du domicile, ce sont des démarches qui prennent plusieurs mois. “L’agrément, c'est une chose, mais une fois que vous l’avez, vous êtes obligé de suivre une formation de soixante heures, puis vous avez un diplôme d’État à passer", détaille Benito.
Les placements ne se passent pas toujours bien, le couple a déjà dû se séparer d’une enfant. “Il peut y avoir des journées agitées, des nuits agitées", avoue Marion. "Et puis parfois, il y a des situations où c’est beaucoup plus compliqué, où on ne peut pas garder l’enfant parce que l’équilibre familial est trop menacé. C’est difficile, mais ce sont aussi des choix que l’on doit faire pour préserver les autres enfants.”
En Haute-Vienne, plus d’un millier d’enfants vit en famille d’accueil. En dix ans, leur nombre a augmenté de 42 %.
* Le prénom a été modifié.
Pour aller plus loin
D’autres témoignages très forts sont à découvrir dans notre émission spéciale sur France 3 Nouvelle-Aquitaine consacrée au secteur de l’ASE, l’Aide sociale à l’enfance, traversé par une crise profonde. Après le scandale du procès de Châteauroux, où des enfants placés illégalement dans l’Indre, en Haute-Vienne et en Creuse ont subi du travail forcé, des violences sexuelles ou encore de la soumission chimique, l’émission « Scandale des enfants placés : comment éviter les dérives ? » est à découvrir dès maintenant sur notre plateforme France.tv, ou ce 18 juin en soirée sur ICI Nouvelle-Aquitaine.